Le secteur ferroviaire français s’engage résolument dans la transition énergétique. Avec son projet phare, la SNCF vise à alimenter ses TGV grâce à l’énergie solaire, une initiative pionnière en Europe.
D’ici 2030, l’objectif est clair : couvrir 15 à 20% des besoins électriques actuels. Cette ambition s’appuie sur une combinaison d’innovations technologiques et la valorisation du patrimoine foncier disponible.
Face à la volatilité des coûts de l’énergie, cette stratégie offre une double opportunité : réduire l’empreinte carbone et sécuriser les approvisionnements. À terme, l’excédent pourrait même être revendu, créant un nouveau modèle économique.
Sommaire
TogglePoints clés à retenir
- Projet ambitieux pour décarboner les transports ferroviaires.
- Objectif de 15-20% d’énergie solaire d’ici 2030.
- Réponse stratégique à la hausse des coûts énergétiques.
- Potentiel d’autosuffisance et de revente des surplus.
- Optimisation des infrastructures existantes.
SNCF Renouvelables : une ambition solaire pour le ferroviaire
Un milliard d’euros investi dans un projet solaire sans précédent. Le groupe ferroviaire franchit une nouvelle étape avec la création d’une filiale dédiée exclusivement aux énergies vertes. Objectif : transformer le patrimoine foncier en centrale électrique.
La création d’une filiale dédiée à l’énergie verte
Lancée en juillet 2023 en présence des ministres Beaune et Pannier-Runacher, cette filiale symbolise une volonté politique et industrielle. Son rôle ? Déployer des panneaux photovoltaïques sur 30 sites pilotes dès cette année.
Le budget initial de 1 milliard d’euros couvre :
- L’installation sur 12 millions de m² de bâti existant.
- Le prototype Solveig, développé avec Arep, pour des panneaux sans fondation.
« Nous visons une puissance de 1 000 MWc, soit l’équivalent d’un réacteur nucléaire. »
Objectif : 1 000 hectares de panneaux photovoltaïques d’ici 2030
La feuille de route est ambitieuse :
Échéance | Surface visée | Potentiel énergétique |
---|---|---|
2030 | 1 000 ha | 15-20% des besoins TGV |
2050 | 10 000 ha | Autosuffisance partielle |
Les gares, parkings et voies désaffectées deviendront des leviers clés. Une stratégie gagnante pour concilier transition énergétique et performance économique.
Pourquoi la SNCF se tourne vers l’énergie solaire
Avec une consommation électrique colossale, le transport ferroviaire doit repenser son approvisionnement. En France, il représente le premier consommateur d’électricité, avec 9 TWh/an utilisés, dont 8 TWh pour la traction des trains.
Un mix énergétique à réinventer
Historiquement, le secteur dépendait largement du nucléaire. Mais cette dépendance expose à des risques :
- Variabilité des coûts liés aux marchés internationaux.
- Objectif gouvernemental de neutralité carbone d’ici 2050.
- Une demande qui pourrait doubler avec l’augmentation du trafic d’ici 2040.
L’énergie solaire offre une alternative locale et décarbonée, parfaitement alignée avec ces enjeux.
Crise géopolitique et urgence économique
La guerre en Ukraine a révélé la vulnérabilité des approvisionnements. Entre 2022 et 2023, le surcoût énergétique a atteint 700 millions d’euros. Un choc qui accélère la transition :
« Sécuriser l’alimentation des 15 000 trains quotidiens est devenu une priorité stratégique. »
À long terme, produire sa propre électricité permettra de stabiliser les coûts et de garantir une mobilité durable.
Les terrains et infrastructures mobilisés
Le réseau ferroviaire dispose d’un atout méconnu : des milliers d’hectares inexploités. En tant que propriétaire foncier majeur, il possède un potentiel énergétique considérable, notamment sur ses toits, parkings et gares.
Toits, parkings et gares : un potentiel sous-exploité
Les bâtiments ferroviaires offrent une surface idéale pour l’installation de panneaux solaires. Avec 3 000 sites identifiés, chaque toiture ou parking peut devenir une mini-centrale électrique. Une solution clé pour optimiser des actifs immobiliers souvent sous-utilisés.
L’expérience de Surdon (Orne) le confirme : depuis 2018, 17 hectares de terrains convertis produisent assez d’énergie pour alimenter 15 000 foyers. Un modèle réplicable à grande échelle.
Les voies désaffectées, futur eldorado solaire ?
Avec 7 000 km de voies non circulées, le réseau ferroviaire détient un parc unique. Un projet pilote teste actuellement des panneaux longitudinaux sur 20 à 30 km, sans fondation pour préserver les sols.
Cette innovation, couplée à la réutilisation écologique des emprises abandonnées, pourrait densifier la production d’énergie le long des rails. Comme le souligne ce rapport, le déploiement de panneaux photovoltaïques sur ces espaces représente un levier majeur pour atteindre les objectifs 2030.
Technologies et innovations au service du projet
Des solutions ingénieuses émergent pour transformer les infrastructures ferroviaires en centrales solaires. Grâce à des technologies adaptées, le projet combine efficacité et respect des contraintes spécifiques du milieu.
Le prototype Solveig : des panneaux solaires sans fondation
Développé en collaboration avec Arep, le prototype Solveig révolutionne l’installation des panneaux solaires. Son atout majeur ? Aucune fondation nécessaire, ce qui préserve les sols et réduit les coûts.
Testé à Achères, ce système modulaire sur conteneurs ISO résiste aux vibrations et aux conditions climatiques extrêmes. Un avantage clé pour le transport ferroviaire.
- Adaptation aux chantiers mobiles grâce à des installations temporaires.
- Maintenance simplifiée et intégration harmonieuse dans le paysage.
Panneaux linéaires le long des voies : une révolution attendue
Dès 2025, des panneaux photovoltaïques verticaux à haut rendement seront déployés sur 20 à 30 km de voies désaffectées. Cette innovation permet d’exploiter des espaces autrement inutilisés.
« Ces panneaux linéaires pourraient couvrir jusqu’à 15% des besoins énergétiques d’ici 2030. »
Les avantages sont multiples :
- Optimisation du foncier sans artificialisation des sols.
- Collaboration avec des industriels français pour un approvisionnement local.
Impacts économiques et environnementaux
Un nouveau modèle énergétique émerge le long des voies ferrées françaises. Ce projet solaire combine rentabilité économique et bénéfices écologiques, créant un cercle vertueux pour l’ensemble du secteur.
Couverture optimale des besoins électriques
D’ici 2030, 15 à 20% de l’électricité nécessaire aux TGV proviendra du solaire. Cette production locale permettra de réduire la dépendance aux marchés volatils.
Le mécanisme est simple :
- Économies sur le prix spot grâce à une capacité de production autonome
- Réinvestissement des gains dans la modernisation des infrastructures
- Stabilisation des coûts opérationnels à long terme
Vers un modèle énergétique circulaire
Les surplus d’énergie pourront être revendus via l’obligation d’achat. Ce système garantit :
« Une source de revenus complémentaire estimée à plusieurs millions d’euros annuels. »
Concrètement, chaque mégawatt excédentaire injecté sur le réseau finance de nouveaux projets durables. Comme le détaille cette analyse, cette approche répond aux objectifs RE2020 pour les bâtiments tertiaires.
À horizon 2050, l’ambition est claire : atteindre l’autonomie énergétique totale. Une transition qui bénéficiera directement aux voyageurs grâce à une meilleure maîtrise des coûts.
Conclusion : un pari audacieux pour la transition énergétique
La France montre l’exemple avec un modèle combinant mobilité et durabilité. Ce projet pionnier prouve qu’infrastructures et énergie solaire peuvent créer un cercle vertueux. D’ici dix ans, il inspirera d’autres opérateurs de transport en Europe.
L’enjeu dépasse l’économie d’échelle : c’est une question de souveraineté. En produisant localement, le groupe réduit sa dépendance aux marchés globaux. Une vision alignée sur l’Accord de Paris pour 2050.
Réussir cette transition énergétique positionne la SNCF comme leader de l’éco-mobilité. Un cap historique pour des transports plus propres et résilients.