central solaire maroc : inauguration d’une centrale géante dans le Sahara

central solaire maroc

En 2016, un projet ambitieux a vu le jour dans le désert marocain. Le roi Mohammed VI et Ségolène Royal ont inauguré un complexe solaire hors normes. Situé près de Ouarzazate, ce site s’étend sur 3 000 hectares et produit 580 MW d’électricité propre.

Ce projet phare vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 32% d’ici 2030. Avec 537 600 miroirs cylindro-paraboliques, il illustre l’engagement du Maroc dans les énergies renouvelables. Un pas de géant pour un pays dépendant à 95% des importations énergétiques.

Points clés à retenir

  • Inauguration en 2016 avec une capacité de 580 MW.
  • Objectif : réduire de 32% les émissions d’ici 2030.
  • Technologie de miroirs cylindro-paraboliques innovante.
  • Alignement avec les engagements de la COP22.
  • Réduction de la dépendance énergétique du Maroc.

Le complexe Noor Ouarzazate, un projet phare pour le Maroc

Le Maroc franchit une étape décisive dans sa transition énergétique avec le complexe Noor Ouarzazate. Ce gigantesque projet illustre comment les énergies renouvelables peuvent transformer le paysage économique d’une nation.

Un ambitieux programme énergétique

Avec un investissement dépassant 7 milliards de dirhams pour la seule première phase, le projet repose sur un modèle financier innovant. Les subventions publiques ont pu être réduites de 98 à 31 millions de dollars annuels grâce aux financements internationaux.

Le choix technologique combine trois approches complémentaires :

  • Miroirs cylindro-paraboliques pour Noor I et II
  • Tour solaire pour Noor III
  • Photovoltaïque polycristallin pour Noor IV

Objectifs : réduire la dépendance aux importations et les émissions de carbone

L’impact sur la balance commerciale est considérable. En limitant les importations d’énergies fossiles, le Maroc préserve ses réserves de change tout en diminuant ses émissions carbone de 760 000 tonnes par an.

Selon les projections sur 25 ans, cette initiative permettra d’éviter le rejet de 17,5 millions de tonnes de CO2. Une avancée majeure pour un pays qui s’engage dans le développement durable tout en maîtrisant les coûts énergétiques.

Les tarifs préférentiels accordés à l’ONEE (0,85 dirham/kWh) suscitent des débats, mais renforcent l’accès à une électricité propre pour les populations locales. Cette stratégie s’inscrit dans une vision globale intégrant également les parcs éoliens et hydroélectriques nationaux.

La technologie CSP et stockage par sels fondus : atouts et limites

Face au photovoltaïque, les technologies CSP doivent relever des défis de compétitivité. Leur force réside dans leur capacité à stocker l’énergie, une particularité absente des panneaux solaires classiques.

A large-scale concentrated solar power (CSP) plant with towering parabolic mirrors reflecting sunlight onto a central receiver tower. The tower's tip glows with the heat of molten salt, a thermal energy storage medium. In the foreground, a worker in a protective suit inspects the gleaming, futuristic infrastructure. The desert landscape stretches out in the background, dotted with other CSP units. Dramatic lighting casts long shadows, highlighting the technological marvel. The scene conveys the power and potential of this renewable energy solution, a key component of Morocco's ambitious solar plans.

Fonctionnement des centrales solaires à concentration

Les centrales CSP utilisent des miroirs pour concentrer les rayons du soleil vers un récepteur. Ce dernier chauffe un fluide caloporteur, souvent des sels fondus, à des températures dépassant 500°C.

La chaleur produite génère de la vapeur, actionnant une turbine pour créer de l’électricité. Contrairement au photovoltaïque, cette méthode fonctionne même par temps nuageux.

Avantages du stockage thermique pour une production nocturne

Le véritable atout des CSP réside dans leur système de stockage. Les sels fondus conservent la chaleur jusqu’à 8 heures, permettant une production nocturne.

Résultat : une fourniture d’électricité stable, réduisant le besoin en batteries coûteuses.

« Une centrale CSP avec stockage peut couvrir jusqu’à 70% de la demande nocturne, un avantage décisif pour les réseaux électriques. »

Coûts élevés et compétitivité face au photovoltaïque

Malgré leurs avantages, les CSP souffrent de coûts initiaux élevés. L’investissement pour Noor Ouarzazate a atteint 3 millions dollars, contre des projets PV similaires deux fois moins chers.

Critère CSP Photovoltaïque
Coût moyen du kWh 1.47 dirhams 0.40 dirhams
Durée de vie 25 ans 25-30 ans
Stockage intégré Oui Non (sauf ajout batteries)

La baisse des prix des panneaux PV depuis 2010 renforce cette compétitivité. Cependant, les CSP restent pertinentes pour leur stabilité et leur contribution à la diversification énergétique.

Défis et controverses autour du projet

Derrière les succès affichés, le complexe solaire marocain cache des controverses méconnues du grand public. Si l’initiative a propulsé le pays sur la scène des énergies renouvelables, des retards, des surcoûts et des questions de gestion ont entaché son image.

A vast desert landscape under a brilliant sun, with a massive solar array sprawling across the dunes. In the foreground, a group of people engaged in animated discussion, their gestures and expressions conveying a sense of debate and controversy. The middle ground features towering solar panels, casting long shadows that create a sense of scale and power. In the background, a hazy horizon line stretches to the edge of the frame, hinting at the broader context of this solar project within the Moroccan landscape. The lighting is crisp and high-contrast, emphasizing the stark, arid environment and the technological innovations at the heart of this contentious endeavor.

Retards accumulés et dépassements budgétaires

Le projet Noor Ouarzazate a subi des retards répétés, notamment pour la phase Noor III. Initialement prévue pour 2018, sa mise en service a pris deux ans de retard. Les coûts ont explosé, passant de 7 à 9 milliards de dirhams.

Un débat parlementaire en avril 2021 a pointé des lacunes dans la supervision, sans toutefois déboucher sur des mesures concrètes. Les financeurs internationaux ont exigé des audits supplémentaires, ralentissant encore les travaux.

« L’absence de transparence dans la gestion des fonds publics menace la crédibilité du projet. »

CESE, juillet 2020

La fermeture inattendue de Noor III et ses conséquences

En 2022, la tour solaire Noor III a été mise à l’arrêt pendant six mois pour des pannes techniques. Cette interruption a coûté 120 millions de dirhams en maintenance et en pertes de production.

Les experts soulignent un défaut de stratégie : la technologie des tours, bien que innovante, s’est révélée moins fiable que les miroirs cylindro-paraboliques.

Critiques sur la gestion et les choix technologiques

La compétitivité des centrales CSP face au photovoltaïque a été vivement débattue. Malgré des coûts élevés, le Maroc a maintenu cette technologie, suscitant des suspicions de conflits d’intérêts.

Critère CSP (Noor) Photovoltaïque
Coût du kWh 1.47 dirhams 0.40 dirhams
Fiabilité Moyenne Élevée
Adaptabilité Limitée Flexible

Des alternatives comme un mix technologique (CSP + PV) ont été proposées pour améliorer l’efficacité. Cette approche aurait pu réduire les risques tout en optimisant les investissements.

Impacts économiques et environnementaux

Un bilan contrasté émerge après plusieurs années d’exploitation. Le complexe Noor Ouarzazate a marqué un tournant dans la stratégie énergétique nationale, avec des résultats tangibles mais aussi des limites.

Contribution à la transition énergétique

Le projet a permis de réduire la dépendance aux énergies fossiles. Grâce à sa capacité de 580 MW, il couvre près de 10% des besoins en électricité propre du pays.

Cependant, l’objectif initial de réduire les émissions carbone de 1 million de tonnes/an n’a été atteint qu’à 76%. La croissance industrielle a partiellement compensé ces gains.

Création d’emplois et développement local

Plus de 2 000 emplois directs ont été créés pendant la construction. Aujourd’hui, 200 postes permanents sont maintenus, favorisant l’économie régionale.

Des formations techniques ont été dispensées aux habitants, renforçant leurs compétences dans les énergies renouvelables.

« Le projet illustre comment l’innovation peut stimuler le développement local tout en protégeant l’environnement. »

Rapport BBC Afrique, 2021

Réduction des émissions de CO2 : bilan mitigé

Si les gaz à effet de serre ont diminué de 760 000 tonnes/an, l’analyse du cycle de vie révèle un paradoxe. La fabrication des miroirs et le transport ont généré 120 000 tonnes de CO2 supplémentaires.

Critère Résultat Objectif initial
Réduction CO2 760 kt/an 1 Mt/an
Emplois créés 2 000 1 500
Coût/kWh 1.47 dirhams 1.20 dirhams

Malgré ces défis, le complexe reste un modèle pour les pays émergents. Selon un rapport, le Maroc vise désormais 42% d’énergies renouvelables dans son mix électrique.

Conclusion : un modèle pour l’avenir des énergies renouvelables ?

L’énergie thermodynamique ouvre une nouvelle ère pour les pays ensoleillés. Le projet Noor, malgré ses écueils, démontre qu’un modèle hybride (CSP + PV) peut concilier stabilité et coûts maîtrisés.

Son héritage réside dans ses enseignements : adaptation technologique et financements innovants comme les 119 millions de dollars du CTF pour Noor Midelt. Ces mécanismes inspirent le Sud global.

À l’ère post-COP26, le développement durable exige des solutions évolutives. Les énergies renouvelables thermodynamiques, avec 11% de la production mondiale visée d’ici 2050, ont un rôle clé.

L’innovation reste le moteur. En tirant parti des erreurs passées, ces projets tracent la voie vers un avenir énergétique plus résilient.

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