Le secteur des énergies renouvelables vient de subir un coup dur. Le tribunal de Strasbourg a acté la liquidation judiciaire de France Solar, marquant un tournant dans l’industrie photovoltaïque française. Cette décision intervient après une année difficile, avec une réduction de 55% des effectifs.
Initialement spécialisé dans le marché résidentiel, l’entreprise a tenté de se recentrer sur le B2B. Les solutions innovantes, comme les ombrières et l’agrivoltaïsme, n’ont pas suffi à enrayer la crise. Ce cas soulève des questions sur la pérennité de la transition énergétique en France.
Sommaire
TogglePoints clés à retenir
- La liquidation judiciaire de France Solar a été prononcée en juillet 2025.
- Près de 149 licenciements ont eu lieu en un an.
- L’entreprise abandonne le marché résidentiel pour le professionnel.
- Le secteur photovoltaïque français traverse une crise structurelle.
- L’impact symbolique sur la transition énergétique est significatif.
France Solaire en liquidation judiciaire : les faits marquants
Une page se tourne pour l’entreprise avec l’annonce de la liquidation totale. Le 1er juillet 2025, le tribunal de Strasbourg a converti le redressement judiciaire d’avril 2024 en une fermeture définitive. Malgré trois mois de recherche active, aucune offre de reprise viable n’a émergé.
La décision du tribunal de Strasbourg
La procédure, supervisée par le groupe Blue Pearl Energy, a été exceptionnellement rapide. En seulement 90 jours, le redressement judiciaire a basculé en liquidation. Un représentant syndical confie :
« Les créanciers ont refusé toute flexibilité, malgré un plan de restructuration pourtant crédible. »
Cette accélération reflète les difficultés structurelles du secteur, comme l’ont connu Photowatt France en 2021.
Les effectifs impactés : 274 salariés concernés
En juillet 2024, 149 postes (téléconseillers et commerciaux) avaient déjà été supprimés. La liquidation totale affecte désormais l’ensemble des 274 salariés. Les syndicats dénoncent un « effet domino » sur l’économie locale.
Le tableau ci-dessous résume les étapes clés :
Date | Événement | Impact |
---|---|---|
Avril 2024 | Redressement judiciaire | Début des négociations |
Juillet 2024 | Premières suppressions de postes | -149 emplois |
Juillet 2025 | Liquidation totale | 274 salariés concernés |
Les causes de la liquidation de France Solaire
Plusieurs facteurs ont précipité la chute de cette entreprise pionnière. Entre concurrence accrue, contexte économique défavorable et contraintes réglementaires, le modèle économique n’a pas résisté. Analyse des principaux déclencheurs.
Un marché résidentiel trop concurrentiel
Le marché des particuliers, cœur historique de l’activité, s’est durci. Entre 2019 et 2024, les coûts d’installation ont bondi de 28%, selon la Fédération Française du Photovoltaïque. Résultat : une baisse de 40% des demandes.
« Les installateurs panneaux indépendants captent désormais 60% des projets sous 3kWc, grâce à des tarifs agressifs. »
L’impact de l’inflation et des taux d’intérêt
L’inflation a rendu les matériaux 15% plus chers en 2023. Combinée à des taux directeurs à 4,5%, la rentabilité des crédits verts s’est effondrée. Exemple pour un foyer moyen (12kWc) :
Année | Coût total | Durée d’amortissement |
---|---|---|
2019 | 18 000 € | 8 ans |
2024 | 23 040 € | 12 ans |
La loi de juillet 2020 sur le démarchage téléphonique
L’interdiction du démarchage, votée en juillet 2020, a alourdi les coûts marketing de 35%. Pour recruter un client, l’entreprise devait dépenser 1 200 € contre 400 € auparavant. Une spirale infernale pour un marché déjà saturé.
Les espoirs se tournent désormais vers le projet de loi énergie 2026, qui pourrait assouplir certaines règles.
Conséquences pour l’industrie solaire en France
Un vent de changement souffle sur le secteur, remodelant ses priorités et ses acteurs. Les activités historiques cèdent peu à peu la place à de nouveaux modèles, sous la pression des réalités économiques.
Un secteur photovoltaïque en difficulté
Le marché résidentiel, autrefois porteur, ne représente plus que 32% des parts en 2024. Les panneaux solaires peinent à séduire les particuliers, face à des coûts d’installation en hausse.
Pourtant, l’entreprise avait installé 1 million de m² depuis 2009. Un responsable confie :
« Les hangars agricoles photovoltaïques offrent désormais un meilleur rendement. Le parc de Brumath (2.4MWc) en est la preuve. »
La réorientation vers le marché professionnel
Les solutions pour les entreprises captent 68% du marché. Les ombrières et les centrales au sol dominent, avec une croissance de 18% en 2023.
Cette transition exige une reconversion des compétences. Les poseurs doivent désormais maîtriser les installations tertiaires et industrielles.
Les géants comme Engie misent sur l’énergie verte pour les zones d’activités. Une stratégie que les PME peinent à suivre.
Conclusion : quel avenir pour le solaire français ?
L’industrie photovoltaïque française se trouve à un tournant décisif. Avec seulement 17GWc installés sur l’objectif 2030 de 48GWc, le retard nécessite des solutions durables et rapides.
Le plan de relance de 800M€ pour le solaire industriel montre la volonté d’accélérer. Comme en Allemagne, les coopératives citoyennes prouvent leur efficacité – l’exemple alsacien génère 12% de rendement annuel.
Les collectivités locales deviennent actrices clés. Leur implication dans les appels d’offres publics peut booster l’innovation. Une entreprise alsacienne a ainsi décroché 40% de parts de marché grâce aux marchés publics.
La transition énergétique exige maintenant une politique industrielle audacieuse. L’avenir se joue sur trois leviers : simplification administrative, formation professionnelle et financements stables.